Aya Nakamura a connu le succès en 2018 grâce à son titre Djadja, qui a été validé par de nombreuses stars internationales. Madonna et Rihanna se sont ainsi filmées sur les réseaux sociaux en train de se déhancher sur le morceau, qui a eu droit à un remix avec le chanteur colombien Maluma.

La chanteuse d’origine malienne est par la suite rapidement devenue l’une des artistes féminines les plus écoutées sur Spotify, comptabilisant plus de sept millions d’auditeurs sur la célèbre plateforme. Cependant, il faut croire que cette renommée internationale ne soit pas suffisante aux yeux de certains.

StarMag.com
Aya Nakamura @ DR

Des résultats faussés ?

Sélectionnée parmi "les hommes de l’année 2023" par l’édition française du magazine GQ, aux côtés de Panayotis Paccot ou bien le couple formé par Léna Situations et Seb la Frite, Aya Nakamura est revenue sur sa défaite aux Victoires de la musique, en 2020. Selon elle, elle aurait été victime des "injustices" du processus de sélection des gagnants :

Je pense qu’il y a beaucoup d’injustices concernant les Victoires mais je ne vais pas m’étaler dessus parce que je pense qu’il y a des choses qu’on sait déjà. Il y a des préférences. Je pense qu’il y a un quota.

A-t-elle affirmé, avant de reconnaître qu’elle avait très mal digéré le fait de ne pas avoir été récompensée. "Je n’étais pas contente le jour où j’ai perdu, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas gagné", a-t-elle déplorée, convaincue qu’elle "ne faisait pas partie des quotas" :

Et le fait que je sois la meilleure ou pas, que je sois numéro un ou pas, il n’y a rien changé.

Une artiste dépréciée par la profession ?

En 2020, Aya Nakamura est nommée aux Victoires de la musique dans la catégorie « meilleure artiste féminine ». Mais c’est finalement la chanteuse Pomme qui raflera le trophée, ce dont elle ne s’est pas vraiment réjouie. Sur le plateau de l’émission Clique, l’interprète de Je ne sais pas danser avez confié « s’être sentie mal à l’aise » après sa victoire :

Ça fait des années qu’elle vend des millions d’albums dans le monde entier et que personne n’est capable dans l’industrie de la musique de lui donner du crédit. (…) Elle devait gagner. (…) Elle fait vivre toute l’industrie, elle est toujours nommée.

StarMag.com
Pomme @ Bestimage

Des propos qui font écho à ceux d’Aya Nakamura, qui n’a pas hésité à dénoncer le "racisme institutionnel" qui serait courant au sein de l’industrie musicale : "Une meuf noire qui ne vient pas de Paris centre et qui n’est pas un peu de base privilégié dans la vie n’est pas considérée pareille qu’une meuf comme moi. Moi, quand j’arrive dans un endroit, on me demande pas d’où je viens", a-t-elle déclaré.

Et d’expliquer qu’elle est "une renoi qui agrandir avec des codes sociaux différents" :

Je viens de banlieue, j’ai grandi à Paris. (…) Je pense que certains n’ont jamais vu d’endroit comme moi.

Un manque de représentation évident ?

Ce n’est pas la première fois que les Victoires de la musique sont pointées du doigt, accusées de quelque peu négliger la musique urbaine lors de chaque cérémonie. L’an dernier, le rappeur SCH en a touché deux mots lorsqu’il est venu récupérer son prix pour l’album le plus streamé depuis sa sortie, catégorie qui ne fait pas l’objet d’une présélection par l'académie.

Je vous l’avoue, je suis un peu gêné ce soir de tenir cette Victoire là dans mes mains, sans les voir ici assis en face de moi, ces grand messieurs qui auraient mérité tout autant que les artistes ici présents de célébrer la Victoire de la musique.

Avait-il déclaré face à l’assistance, soucieux de vouloir rendre hommage à tous ceux qui l'ont inspiré.

Pour tenter de lutter contre ce manque de représentation, une cérémonie alternative, baptisée Les Flammes, a vu le jour à l’initiative des médias rap YARD et Bossa-P. La première cérémonie de l’événement s’est tenue au théâtre du Châtelet, à Paris, au cours de laquelle les artistes Gazo et Aya Nakamura ont été sacrés artistes de l’année. De quoi consoler la chanteuse de 28 ans.