Nous sommes en 2003, et Thierry Amiel, finaliste de La Nouvelle Star, éblouit la France de son talent. S’ensuit une notoriété immédiate, des sollicitations nombreuses, un premier album, « Paradoxes », et une carrière de chanteur rapidement au sommet.

16 ans après cette révélation, on pourrait dire une éternité, c’est pourtant comme si rien n’avait changé. Le même regard bleu, la même blondeur, et on l’imagine, au cas où la mémoire ferait défaut, la même tendresse et la même sensibilité d’un artiste qui dévoile des thématiques personnelles dans son album à venir. En vue de la sortie de l’album "ARTEFACT" cet automne, le single électro-pop "Détends-toi" est lui déjà disponible. Une introduction à l’univers d’un artiste qui a su évoluer avec son temps. Nous avons rencontré Thierry Amiel pour parler de sa carrière, et de ce retour sur le devant de la scène.

Starmag.com : Depuis la tournée de la comédie musicale "Adam & Eve", en 2012, nous n’avions plus beaucoup de nouvelles de Thierry Amiel. Que s’est-il passé durant ces années ?

Après "Adam & Eve", j’ai pris une année de réflexion. Est venue l’idée d’un 4ème album, parce que c’était la suite logique, attendue, mais je me suis posé, questionné sur ce que j’avais envie de raconter, et de quelle manière. Ne pas faire un quatrième album comme une simple suite au troisième. J’ai eu envie de donner du sens. Je me suis demandé aussi avec qui travailler. Mon contrat se terminait avec Sony, j’avais aussi envie d’évolution. Qu’apporter de plus par rapport à l’avant ? J’ai donc fait un pas de côté.

Thierry Amiel : J’ai aussi beaucoup voyagé pendant ces années, je me suis nourri d’expériences pour ma musique, pour mes textes. J’ai eu aussi du temps pour être plus proche de ma famille.

Pour le disque, j’ai mis 4 ans à le faire, et je me suis concentré sur la composition, sur l’écriture, comme jamais je ne l'avais fait avant. Le projet est très personnel, j’ai voulu tout maîtriser, de A à Z.

Comment s'est passée cette évolution ?

Avec du recul, je me rends compte qu'avant je maîtrisais peu de choses. Mais de "Paradoxes" à la fabrication d'"ARTEFACT", je me suis découvert. J’étais interprète, j’adorais chanter, et je me suis professionnalisé. L’envie de faire plus qu’interpréter est venue progressivement.

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Avant, je pense que j’étais beaucoup sur des choses imagées, c’était très métaphorique. Maintenant, je fonctionne plus avec de la matière personnelle, des choses vécues avec mon entourage. Du réel.

J’ai réalisé après coup que mes thématiques correspondaient à une évolution du regard de l’autre. Pour moi comme pour les autres, cette volonté de vouloir s’en défaire, essayer d’être soi-même. C’est quelque chose que je vois partout, tout autour de moi, ce désir de s’affirmer et d’être authentique.

Tu viens de la région marseillaise, mais tu vis à Paris. Est-ce que ton cœur balance ?

Je me sens évidemment marseillais, j’ai grandi dans sa région, mais en réalité je vis à Paris depuis longtemps, et j’adore cette ville. J’adore sa mixité, l’envie des gens de découvrir, de participer à l’énergie de cette ville. Il y a tellement d’histoire, pour les français, mais au niveau mondial aussi, quand on voit par exemple l’émotion suscitée par l’incendie de Notre-Dame.

Vivre à Paris, c’est une émotion, et je ressens de la fierté d’y vivre.

As-tu expérimenté un manque, de la scène par exemple ?

Non, pas particulièrement. J’aime être dans ma bulle, m’isoler pour écrire des chansons, cela me correspond plus qu’être artiste live. Je suis plus à l’aise dans l’introspection, dans le travail de fabrication. Je ne suis pas forcément fan de la production sur scène.

Dans ce pas de côté pour préparer ton quatrième album, est-ce qu’il est simple de « perdre » en notoriété ?

Le succès, la notoriété, ça n’a jamais été le moteur. J’ai toujours voulu être chanteur, et quand ça a commencé à marcher, j’ai expérimenté la notoriété, mais je ne l’ai jamais cherchée. J’ai toujours refusé des choses qui me semblaient trop exposant, des choses qui me semblaient très commerciales. J’étais content avec le succès que j’avais !

Aujourd’hui, je comprends mieux qu’il faut s’exposer, ça fait aussi partie des évolutions. Je pense, aujourd’hui, avoir moins peur de l’exposition, en tout cas je prends le succès de manière légère.

Adam & Eve m’a aidé à ça, parce que je n’étais pas seul à défendre le projet, nous étions une troupe, c’était plus détendu. A chaque interview, émission télévisée, je m’en faisais un monde, et c’était associé à une peur. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus cool !

Comment juges-tu l'irruption des réseaux sociaux dans la vie des artistes ?

Les réseaux m’intéressent peu, en fait je ne veux pas communiquer sur autre chose que ma musique. Mais c’est difficile, j’ai créé un profil Instagram, dans le cadre du projet, et je me rends compte qu’on se retrouve vite à parler ou montrer autre chose.

Ce sont des super outils pour se faire connaître, pour partager soi-même sa musique. Pour le reste, je ne suis pas en phase avec cette idée des chanteurs qui deviendraient des influenceurs.

Est-ce que tu as des artistes qui t'inspirent particulièrement, qui t'ont donné des idées ?

J'aime beaucoup The Weeknd, c’est un vrai chanteur, mais qui a des titres qui sont des hits pop et urbains. Je pense aussi à Christine and The Queens, Stromae. J’aime ce qu’ils ont apporté, ils ont débloqué quelque chose dans la musique française.

C'est ce vers quoi je m'oriente, proposer un album avec ses deux facettes, avec une vraie voix de chanson française, mais aussi des compositions plus pop, plus modernes. Et je pense, au final, que mon album a pour but de transmettre des émotions, pour tout le monde !

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