Le visage angélique encadré de longs cheveux blonds, la princesse recevra lors d'une cérémonie le collier de la "Toison d'or", ordre honorifique le plus élevé du Royaume.

La journaliste Ana Romero a confié dans un entretien avec l'AFP TV :

est confronté à la crise catalane qui est énorme et conditionne tout, au point que cela semble une mauvaise blague du destin que son anniversaire coïncide avec la séance d'investiture étrange de l'indépendantiste Carles Puigdemont.

Le Palais royal profite de l'anniversaire royal pour mener une opération séduction inhabituelle : il a diffusé des dizaines de photos et de vidéos montrant le quotidien de Felipe VI, de la reine Letizia et de leurs filles Leonor et Sofia (10 ans) - presque - comme s'ils vivaient en toute simplicité.

Leonor en uniforme de collégienne, main dans la main avec son père ou taquinant le roi avant qu'il ne prononce son discours de Noël : autant d'images destinées à les rapprocher des Espagnols, dans un pays où la monarchie n'a été restaurée qu'en 1975, après la mort du dictateur Francisco Franco, et se sent toujours fragile.

Pour la première fois en cinq siècles, un roi d'Espagne a abdiqué en faveur de son fils, en juin 2014 : Juan Carlos Ier, affaibli physiquement et mis à mal par des affaires embarrassantes, laissait le trône à Felipe VI après 38 ans de règne.

Une abdication qui s'est faite par surprise, comme pour ne pas risquer d'ouvrir un périlleux débat.

"A la différence d'autres pays européens, l'Espagne n'est pas monarchiste dans son ADN", explique Ana Romero. Felipe VI "peut redonner de la dignité à l'institution et se comporter de manière impeccable mais si une partie de la population insiste, par exemple, pour organiser un référendum +monarchie ou république+ (...) l'avenir n'est pas écrit", dit-elle.

Un des épisodes les plus médiatisés de son début de règne a été la mise à l'écart de sa soeur Cristina dont le mari a depuis été condamné pour corruption.

'A quoi sert la monarchie?'

Réputé cordial, bien informé, très réfléchi, mais bien moins charismatique que son père, Felipe VI est connu pour sa prudence.

Face à la crise catalane, ce n'est que le 3 octobre 2017 qu'il a ouvertement endossé un rôle de défenseur - sévère - de l'unité du pays, fustigeant la "déloyauté" des dirigeants indépendantistes catalans.

De nombreux Catalans, au-delà même des indépendantistes, lui ont reproché de ne pas avoir dit mot des violences policières ayant marqué le référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre, ni lancé d'appel au dialogue, comme s'il se rangeait du côté du gouvernement du conservateur Mariano Rajoy.

"Il serait assez étrange que le chef de l'Etat ne défende pas la Constitution ni ses principes", plaide un porte-parole du Palais royal.

Tout en insistant sur une idée: "le roi ne fait pas de politique, le roi ne peut pas faire de politique".

Pour Ana Romero, "ce discours a été applaudi sur la majorité du territoire espagnol mais pas en Catalogne, ni au Pays basque, ni en Navarre, ni au sein de la gauche la plus extrême ou émergente".

"Beaucoup interprètent le rôle du roi comme celui d'un médiateur et pour cela il aurait fallu qu'il essaie d'attirer cette population indépendantiste catalane avec un discours plus inclusif", ajoute-t-elle.

"La médiation n'est pas son rôle, elle relève strictement du domaine politique", répond encore, indirectement, le Palais.

A la mi-janvier, le secrétaire général du parti de gauche radicale Podemos - troisième parti espagnol - Pablo Iglesias se demandait à haute voix "à quoi sert la monarchie?"

Selon Ana Romero, "l'objectif principal de Felipe VI est désormais que les Espagnols (...) acceptent la monarchie comme quelque chose d'établi qui restera pour toujours dans l'Histoire".