Les propos de Catherine Deneuve à l'encontre du mouvement #MeToo continuent de faire réagir les interprètes du cinéma français. Et ce mercredi 18 juillet, ce n'est pas n'importe quelle comédienne qui s'est dit "contre" la fameuse tribune des « 100 femmes » pour la « Liberté d'importuner », parue dans Le Monde en janvier dernier.

Isabelle Adjani contre "les gardiennes du machisme"

Puisque la nouvelle célébrité qui se dit opposée au choix de sa congénère n'est autre qu'Isabelle Adjani, une pointure (et non "icône") du septième art hexagonal. Et d'après ses déclarations faites aux Inrocks dans un entretien exclusif publié hier dans l’hebdomadaire, l'actrice n'adhère absolument pas aux prises de positions controversées de sa consœur et des autres signataires de la fameuse tribune.

Comment ces femmes ont-elles pu oublier la situation de ces autres femmes, et je ne parle pas que des actrices, loin de là, mais de toutes celles victimes d’abus sexuels, de violences conjugales, et qui commençaient à s’y retrouver pour aller se défendre ?

Clame-t-elle, avant d'ajouter que l'enjeu du mouvement dépasse largement la situation de Catherine Deneuve. Mais également des autres partisanes de cette « liberté sexuelle » masculine :

Comment peut-on prendre le risque d’anéantir ça ? Et au nom de quoi ? D’ une histoire culturelle du libertinage… Comme si c’était ça qui était en jeu.

L'actrice qui a incarné la Reine Margot et Camille Claudel dénonçait déjà en novembre dernier dans les colonnes de Libération, l'omerta dans le milieu du cinéma français concernant les agressions et le harcèlement sexuel.

Isabelle Adjani a d'ailleurs qualifié les femmes qui « ricanent » du mouvement #MeToo au côté des hommes sexistes de « gardiennes du machisme », qu'elle dit « pires que les hommes ». La comédienne césarisée à cinq reprises, dont la réputation peut être comparée à celle de Catherine Deneuve, soutient le fameux hashtag et ses émules, qu'elle loue pour être un support de libération de la parole des victimes d'agressions, faisant reculer le harcèlement.

"Plus proche des actrices américaines" du point de vue de la mobilisation

Mais son regard ne s'arrête pas à ce constat. L'ancienne pensionnaire de la Comédie-Française a étayé son avis sur les femmes de la profession :

On est juste au début d’une remise en cause d’un fonctionnement qui macère dans le déni depuis une éternité. Les actrices sont singulièrement fragilisées par l’abus Je me sens plus proche des actrices américaines . Elles sont plus vigilantes et plus organisées.

Voilà qui est dit. Cette dernière reviendra au grand écran en août avec Le monde est à toi, le dernier film de Romain Gavras. Elle y incarne la mère d'un petit dealer de cité. De quoi réjouir ceux qui ne se lassent pas de la voir s'essayer à de nouveaux registres.